REMERCIEMENT AUX MUSICIENS

A LA FAMILLE  ........  AUX MUSICIENS  ....... POUR LA MYTHO .......

Je n'ai que de bons souvenirs avec les musiciens qui ont bien voulu m'accompagner car on entre dans le domaine de la MUSIQUE ... c'est un monde à part qui n'a rien à voir avec la réalité ... on se retrouve avec quelques bienheureux qui ont accès à ce domaine réservé ... la Musique ! Et attention, pour moi qui suis dans un genre mineure, la chansonnette, je l'ai pleinement ressenti, je suis compositeur (je préfère le terme "chansonnier", faiseur de chansons ... plus modeste), donc, quand je fais mes musiques, c'est complètement mystérieux, je ne sais pas pourquoi la mélodie et les enchaînements harmoniques me sortent de la tête et arrivent au bout de mes doigts sur ma guitare ... il n'y a rien d'intelligent ni de rationnel là-dedans ! C'est pourquoi mes rapports avec les musiciens n'ont jamais été familiaux, je ne me suis jamais intéressé à leur vie privée, je n'ai jamais été intîme avec eux, sauf en tournée où j'ai eu des inquiétudes plus de père que de patron quand l'un buvait trop ou arrivait en retard. Pour résumer, les moments passés en compagnie de mes musiciens ont toujours été une source de joies indicibles.

HENRI DROUX et sa Basse. Mon premier bassiste ... en 56 au Cheval d'Or ... personnage "hors le commun", bricolo génial qui m'aidera à faire mes meubles dans mon petit appartement de la rue Doudeauville (18ème) ... quelques années puis il s'en va accompagner Anne Sylvestre ... qu'il épouse ! Concurrence déloyale.

JEAN-CLAUDE VANNIER, sa flûte, son piano, son orchestre ... à partir de 65, il fera les orchestrations de mes disques (période Barclay) et m'accompagnera sur scène avec Bernard Lubat aux percussions pendant deux ans ... doté une autorité naturelle, très sûr de lui malgré son jeune âge (il avait une vingtaine d'années) ... et il avait toujours raison ! La découverte de son monde m'a appris beaucoup... entre autres, respecter les gens qui ne pensent pas comme moi !

JOSEPH DEJEAN, fabuleux guitariste, Grand Prix Django Reinhart 1975... plongé dans l'Ésotérisme, la Cabale, la Numérologie, l'Astrologie et n'en parlant jamais. Il ne voulait pas conduire la voiture en tournée bien qu'ayant son permis de conduire car il savait qu'il mourrait dans un accident de voiture... ce qui est arrivé et ce n'est pas lui qui conduisait. Pour moi, c'était un être un peu "merveilleux", sans une once de méchanceté et... parfois, il faisait dans ses accompagnements des notes surprenantes, imprévues et pile ce qu'il fallait !

ALLEN FINNEY et sa guitare... avec laquelle il dort ! Son premier geste, le matin, c'est de la prendre, comme Ivry Gitlis son violon. Cette intimité entre l'homme et l'instrument donne aux chanceux qui les écoutent un sentiment d'amour total, rationnellement incompréhensible, indéfinissable mais que l'on ressent profondément... chaque note émise, c'est de l'Amour dans ce qu'il a de plus pur et de plus mystérieux. Dans la vie de tournées, les choses n'étaient pas aussi simples car Allen est Américain et hypoglycémique ... deux graves maladies. Bon, pour l'hypoglycémie, fallait le surveiller car, en Suisse, il y a le chocolat ... Allen adorait ça et, un jour qu'il était en rogne, il s'en est tapé une tablette entière ... coma diabétique ! Même chose pour le vin, l'alcool ou les pommes de terre ... toute forme de sucre, interdiction totale ... Joseph et moi, fallait faire gaffe à lui, surtout à la fin des spectacles, mais comme Baby-Sitter, on était pas mal efficace. En ce qui concerne le côté "Américain", là, fallait supporter, il n'y a pas de remède ! Un jour, à Paris, on roulait Quai des Tuileries et je conduisais, Allen à côté de moi et Joseph derrière, on causait... Allen dit quelque chose, une grosse connerie, je ne me souviens plus quoi mais c'était une connerie etje lui dis qu'il raconte des conneries, Joseph renchérit ... "Voyons Allen, tu dis des conneries! " ... et voilà mon Allen qui devient vert de rage et qui nous lâche tout de go " Dites donc, vous n'oubliez qu'une chose, vous, vous n'êtes que des petits Français ... moi, je suis Américain ! " ... Oh dis donc, ça fait tout drôle quand on reçoit ça en pleine figure ... j'ai jeté un coup d'oeil dans le rétro à Joseph qui était aussi estomaqué que moi et j'ai dit "Ah oui, excuse-nous Allen, on avait oublié ! " ... Eh, j'allais pas entamer une polémique, on sent dans ces cas-là que ce genre de maladie, c'est dans les gènes, il n'y a rien à faire.

LÉON FRANCIOLI et sa basse... sacré personnage, anarchiste total, qui sautera à pieds joints sur la guitare acoustique d'un collègue qui lui avait dit "Chiche..." Formidable bassiste, musicien complet (à 14 ans, pianiste soliste, il donnait des récitals).Nous ferons pas mal de spectacles ensemble. Plus tard, il accompagnera Félix Leclerc dans ses tournées ... le son de Léon est inimitable!

JOHN WOOLLOFF et ses guitares ... depuis l'âge de onze ans sa guitare, pour lui, est un prolongement de sa main... Anglais, ce qui explique pas mal de choses ... un jour, on mangeait dans un restaurant de Château d'Oex, en Suisse, il commande une fondue ... avec un Coca-cola (ça se fait beaucoup à Londres), Léon Francioli et moi prenons une entrecôte avec une bouteille de Beaujolais, je sers le vin à Léon et, par provocation, j'en propose un peu à John ... Oh yes ... je ne me le fais pas dire deux fois et, vas-y-mon-petit, je te lui file une bonne rasade de Beaujolais dans son Coca ... on choque nos verres et ... Alors John ? ... " Mmm delicious " ( vous ai-je dit qu'il est Anglais) ... Ceci dit, à la guitare, un fou furieux génial ... il suffit d'écouter la chanson "Il faut de tout pour faire un monde" (disque "Evasion") pour entendre la virtuosité débridée du John sur une petite guitare "à l'octave" quand Léon et lui se laissent aller à la fin de la chanson.

ALAIN MORISOD, son piano et ses orchestrations. Ah le brave homme ! Gentil, le cœur sur la main ... oui je sais, ici, c'est un peu péjoratif ("Ce n'est pas pour dire du mal de lui, mais il est gentil !") et comme disait François de Closets "En France, on confond souvent gentillesse et faiblesse". Moi aussi, je revendique comme un honneur ces qualificatifs de brave et de gentil et ce n'est pas la faute d'Alain s'il a des mains "en or" ! Quand il compose, il fait des tubes, il n'y peut rien ! Quand il a fait son premier succès, il l'avait enregistré avec un copain, un 45 tours simple, une trompette et un piano, "Concerto pour un été", dès qu'il a été dans les bacs, chez les disquaires, sans aucune promotion, il en a vendu 7.000 ! C'est pas de sa faute, il a la main d'or. Pour parler clair, il représente un tropisme positif pour une bonne tranche de la population... le charisme, ça existe, c'est mystérieux et ce n'est pas rationnel. Point. Moi, j'ai eu la joie de le côtoyer pour faire des disques comme "Saturnin chante avec les enfants" chez lui, près de Genève, un sacré chouette souvenir.

VALENTIN LE VIELLEUX ... sur scène, Gérard Clastrier dans le civil. C'est plus qu'un musicien, c'est un artiste. Travailleur acharné, il est aussi bon en chant et à la guitare qu'à la trompette ou aux percussions. Mais surtout, il est le meilleur vielleux du monde... Eh! les mecs, déconnez pas, il a le "coup de huit" à la main droite ! Ah! oui, dans les manuels de vielle, on parle du "coup de six" que seuls, quelques grands vielleux arrivent à faire ... le Valentin, il te fait ça les doigts dans le nez et les yeux fermés. Quand il m'a quitté pour vivre sa vie d'artiste, il a fait un disque de vielle avec ses compositions et il a eu immédiatement le Grand Prix du Disque, c'est vous dire la pointure que c'est !

ZANE ... Jacques Cézanne dans le civil. En 77, je devais faire la première partie d'Annie Cordy sur le podium France Inter pendant le Tour de France et il me fallait un deuxième guitariste chanteur. C'est Valentin qui me l'amène. Ancien prof d'anglais, il gagnait durement sa vie en faisant du bal le samedi soir. En cinq semaines, il a appris tout le tour de chant, la troisième voix et la guitare basse sèche ... chouette bonhomme, impec en scène avec un bel atavisme, il est Bourguignon donc excellent cuisinier ce qui fait que la tournée Tour de France s'est très vite transformée en Tournée Gastronomique. On n'a jamais vu les coureurs mais grâce à Zane, on a connu tous les bons restaus du Tour 77.

OCTAVE CALLOT... Ah! le beau personnage... "hors le commun" bien sûr. Professeur aux beaux-arts de Paris, calligraphe exceptionnel, Chef de la Fanfare des Beaux Arts et joueur de Tuba émérite (on ne dit pas Tubiste. Le tubiste est un ouvrier travaillant dans un caisson à air comprimé... ce dont Octave est parfaitement incapable). Ses vêtements, je devrais presque dire sa vêture le pressentent très bien... quand il a la casquette de Professeur, c'est la veste de menuisier, en grosse toile de coutil noire avec 40 stylos de toutes les couleurs et grosseurs d'écriture diverses dans l'intérieur gauche de sa veste, rangés comme dans une cartouchière, pantalon de velours noir. Pour la casquette de joueur de tuba, c'est le blazer bleu, pantalon blanc et casquette de Yachtman. Quand il est Chef de Fanfare, il porte un costume d'explorateur, veste et pantalon blanc avec casque colonial... en toute simplicité. Plus... une très belle moustache en croc, très début de siècle et une façon de faire la cour à tout jupon qui passe très grand siècle, genre " Passez Madame, je la tiens... du calme, Vigoureuse !".

Avec Octave Callot, on entre dans ce passage subtil qui existe entre les Copains et les Amis ou entre les Amis et la Famille, un peu comme entre l'Artisanat et l'Industrie.

PIERRE-EDOUARD CALONI... voilà, nous sommes en plein dans ce passage subtil ... Pierre-Edouard, Architecte dans le civil et Fanfaron, Souzaphoniste ou Bas-Saxhorniste (on dit parfois Hélicon en parlant de l'instrument mais jamais Héliconard en parlant du joueur) dans le privé, Chef de la Fanfare "Docteur Liquide et Mister Wine" ... et sa femme, la merveilleuse Sylvie (Fanfaronne elle aussi ... le trombone dont elle joue moins maintenant par la faute d' Arthur et de Constance, 4 ans et 2 ans et demi ... salauds de jeunes ! ). Pierre-Edouard m'accompagne sur scène le plus souvent possible (je devrais dire quand le cachet le permet) et non seulement j'y trouve un plaisir intense mais en plus, nous (Añe et moi) retrouvons sa famille et ce n'est plus du plaisir, c'est de la Joie.

JEF MARIETTE... Musicien de jazz, tromboniste, architecte accessoirement et franc buveur mais attention, jamais ivre, toujours digne et sur le qui-vive dès qu'il est en scène ou qu'il y a une jolie fille à moins de deux mètres. L'hiver à Paris et l'été ... à Aigues Mortes sur son bateau où il est difficile de le joindre.

ANNIE COLETTE ... mon Annie, ma tit' fille, mon "tas d'feuilles" ... une amitié très profonde basée sur une complicité totale s'est installée entre nous depuis 40 ans. Auteur-compositeur, elle a débuté au Cheval d'Or peu après moi et ensemble, on a fait la série télévisée "Les Aventures de Saturnin", elle faisait la voix de Belette et puis un sacré spectacle "Pachelbel and Co" avec François Lalande (qui faisait aussi les voix des petits cochons d'Inde dans Saturnin), très beaux souvenirs... qu'est-ce qu'on a rigolé tous les trois !

FLORENCE FOURCADE/PONS...

JACQUES BERTIN